Envoi de devises par la diaspora : La Banque mondiale dresse un portrait de la contribution aux économies des pays en développement

Photo d'un bâtiment de la Banque mondiale

Certains pays, notamment les pays anciennement colonisés, sont pourvoyeur d'immigration. Pour des raisons diverses, notamment économiques, les ressortissants de ces pays s'installent dans les pays développés et y travaillent, tout en restant attachés à leurs racines. Ces émigrés deviennent à terme des acteurs économiques en envoyant des fonds à leurs pays d'origine.

Ces émigrés contribuent à la croissance économique de leurs pays d'origine. Durant l'année 2022, le volume des transferts de fonds par les émigrés vers leurs pays a connu une hausse significative pour certains pays et une baisse pour d'autres, selon les chiffres de la Banque mondiale. Pour l'Afrique du Nord, c'est la diaspora marocaine qui occupe la première place en matière de transferts de fonds, très loin devant les Tunisiens et les Algériens.

Globalement, la Banque mondiale souligne que les envois de fonds des migrants à destination du Moyen-Orient et Afrique du Nord ont diminué de 3,8 % pour s’établir à 64 milliards de dollars en 2022 alors qu’ils avaient affiché une augmentation de 12,2 % en 2021. La contribution des Marocains, qui arrivent en première place, a atteint 11,1 milliards de dollars. Pour les Algériens, elle est établie à 1,76 milliard de dollars. Et enfin, celle des Tunisiens est de 3 milliards de dollars.

Évolution des envois de devises aux pays d'origine des migrants. Zone Afrique du Nord. Source : Banque mondiale et KNOMAD
Évolution des envois de devises aux pays d'origine des migrants. Zone Afrique du Nord. Source : Banque mondiale et KNOMAD

Les transferts sur le marché noir omis par la Banque mondiale

Cependant, il faut souligner que la Banque mondiale, qui avait publié un rapport sur le marché noir des devises en Algérie et dans plusieurs autres pays, ne prend en compte que les chiffres officiels qui sont transférés par l'intermédiaire des banques. La réalité de ces transferts est donc faussée étant donné que pour les pays qui ont un double taux de change, les transferts par des circuits informels représentent une grande partie des contributions de la diaspora.

C'est le cas de l'Algérie, dont les immigrés préfèrent passer par des « banques officieuses » pour envoyer l'argent au pays. Le taux de change sur le marché noir étant plus intéressant que celui des banques, les émigrés algériens font appel au change sur ce marché qui n'est pas contrôlé. Dans la réalité, il est donc clair que la contribution de la diaspora algérienne à l'économie nationale est beaucoup plus importante que ce que laisse paraître la Banque mondiale.

Il faut dire également que selon Dilip Ratha, principal auteur du rapport et directeur de KNOMAD, « les envois de fonds des travailleurs migrants sont devenus une bouée de sauvetage pour de nombreux pays en difficulté durant la pandémie, et seront encore plus nécessaires au cours des périodes à venir ». En effet, les immigrés des pays en développement prennent en charge une partie de leurs familles et investissement indirectement dans les économies locales.

Tableau : envois de fonds des migrants aux pays d'Afrique du Nord (Banque mondiale)

inflows (M$)AlgérieÉgypteMarocTunisie
20221 76028 33311 1683 092
20211 79231 48710 9063 084
20201 70029 6037 4142 367
20191 78626 7816 9632 050
20181 98525 5166 9191 902
20171 79224 7376 8231 890
20161 98918 5906 3831 821
20151 99718 3256 9041 971
20142 45219 5707 7892 347
201321017 8336 8822 291
201221519 2366 5082 266
201120314 3247 2562 004
201019712 4536 4232 063
20091507 1506 2691 964
20081048 6946 8941 977
2007997 6566 7301 716
20061895 3305 4511 510
20051705 0174 5891 393
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