Le « rêve d'enfant » de Karim, un jeune musulman français, est de devenir policier. Mais ce rêve a été brisé par un rejet inattendu de la préfecture de police de Paris. La raison ? Une marque sur son front. L’affaire, révélée par Mediapart, a suscité une polémique en France.
Malgré sa réussite à tous les tests, la préfecture de police de Paris a refusé l’entrée d'un jeune candidat musulman à l'école de police à cause d'une marque sur le front, que l'on dit due aux prières. C’est ce qu'a rapporté Mediapart le vendredi 15 septembre. Après avoir passé et réussi tous ses examens, il ne reste pour le jeune Karim (24 ans) que l’enquête de moralité à passer pour obtenir l’agrément de la préfecture et rejoindre l’école de police, selon la même source.
Il ne manquait plus qu'une enquête de moralité pour que Karim obtienne l'agrément de la préfecture et puisse rejoindre l'école de police de Paris. Lors de cet entretien en mars 2021 avec un agent du commissariat de Poissy, Karim a été interrogé au sujet de la marque sur son front (une tabaâ ou zabiba). Une marque causée par un épaississement de l’épiderme dû à la pratique régulière de la prière musulmane et au frottement du front sur le tapis1.
« J’ai répondu en toute transparence que j’étais musulman et que je priais depuis le lycée. J’ai expliqué que tous les musulmans n’avaient pas cette tache, car certains avaient la peau plus sensible que d’autres », explique Karim à Mediapart. « Puis il m’a dit que j’aurais rapidement une réponse », ajoute-t-il. Après 7 mois d'attente, le jeune candidat reçoit un courrier de la préfecture lui signalant qu'il n'était pas retenu.
Faut-il renvoyer tous les policiers musulmans français ? s'interroge Karim
« Lors de votre entretien, ont été soulevés des éléments d’interrogation quant à l’indispensable devoir de neutralité d’un policier. En conséquence, les faits précités étant incompatibles avec les fonctions sollicitées, votre candidature ne devrait pas recevoir l’agrément du préfet de police », indique le courrier de la préfecture. « Le fait pour [Karim] de présenter sur le haut de son visage un tel signe […] constitue une manifestation ostensible de ses croyances religieuses », ajoute la préfecture de police.
Se sentant discriminé, le candidat au poste de policer a décidé de contester la décision de la préfecture de police de Paris devant la justice. « Je ne suis absolument pas dans le prosélytisme. Je n’y suis pour rien si j’ai ça sur le front et que j’ai eu l’honnêteté de dire pourquoi […] C’est comme refuser l’école de police à un bûcheron parce qu’il a les mains marquées », explique le jeune homme à Mediapart. « Il y a des policiers musulmans aussi pratiquants que moi qui n’ont pas cette tache. Faut-il tous les renvoyer ? » s'interroge-t-il.