Les violences policières continuent de faire des victimes en France. Jalil M, un adolescent d'origine algérienne, a été éborgné par des policiers dans la région parisienne durant la nuit du 1er au 2 juillet, dans la foulée des émeutes urbaines qui ont suivi la mort du jeune Franco-Algérien Nahel. Selon les médecins, l'ado a été victime d'un tir de flash-ball. Lui et sa famille ont porté plainte auprès de l'IGPN.
Dans un témoignage vidéo au site StreetPress, l'adolescent de 15 ans raconte avoir été touché par un tir de LBD lors d'une nuit d'émeutes dans sa ville de Chilly-Mazarin (Essonne) alors qu'il ne participait pas aux manifestations. Dans un premier temps, il a cru avoir été touché par à un tir de mortier. « Mais à l'hôpital, les médecins m'ont dit que c'était à cause d'un tir de flash-ball », assure le jeune adolescent.
« Je n'ai jamais eu la haine contre la police », raconte-t-il. « C'est plus le policier qui m'a tiré dessus contre qui j'ai la haine », ajoute celui dont l'œil droit est fragilisé par ses fractures au crâne. D'ailleurs, en septembre, les docteurs devraient lui mettre une prothèse oculaire. Dans son témoignage, Jalil M refait le fil de sa soirée du 1er juillet 2023. Il sort rejoindre un ami place de la Libération, aux alentours de 22 h 30. « Je n'avais aucune envie de casser quoi que ce soit, on a juste l'habitude de se retrouver là avec mes potes », promet-il. C'est aussi l'endroit où tournent les camions de police.
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« On était une dizaine, on était comme en ligne. Un plus grand que moi allume un mortier et commence à viser les CRS. J'étais à côté et en une seconde, je me rends compte que je suis tout seul sur cette ligne », se rappelle le jeune ado. Tout va très vite : ses amis avaient déjà couru à plusieurs mètres. « J'ai des flashs, comme si j'avais perdu connaissance et que je me réveillais 20 mètres plus loin en train de courir. Je ne sentais plus rien », souffle-t-il.
[🔴 VIOLENCES POLICIÈRES] Dans la nuit du 1er au 2 juillet, Jalil, 15 ans, a été éborgné par la police.
📺 Retrouvez son témoignage complet ➡️https://t.co/buklRrqaAW pic.twitter.com/qcMt09JMAy
— StreetPress (@streetpress) August 2, 2023
« Arrête-toi, je vais te tuer » : le témoignage glaçant d'un ado algérien éborgné par des policiers français
Il marche entre les voitures, « pour que les CRS ne puissent pas me tirer dessus ». Dans son témoignage glaçant, le jeune adolescent affirme qu'il a aurait été poursuivi par les forces de l'ordre qui lui auraient crié à plusieurs reprises : « Arrête-toi, je vais te tuer ». À bout de force, Jalil tombe par terre en face du policier qui lui aurait tiré dessus. « Je sens ma main tomber. Je le regarde et je lui dis "je vais mourir" ».
Évacué à l'hôpital, Jalil se souvient avoir vomir du sang à plusieurs reprises dans le camion des secours. Sur un des documents délivrés par l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges (94), le premier bilan aux urgences explique : « Amené par les pompiers pour traumatisme crânien et maxillo-facial suite à des tirs de mortiers (reçus au visage) des CRS ». C'est ce qu'auraient expliqué les agents. Jalil est ensuite transféré à Paris, à l'Hôpital Rothschild, en service de neurochirurgie pédiatrique, plus apte à prendre en charge ses blessures à l'œil.
Un document du service de neurologie pour enfant le décrit : « un jeune garçon en état de choc psychologique, alternant avec des périodes d'agressivité, de pleurs et de colère ». Il souffre également d'une hémorragie dans le crâne. « Ils m'ont expliqué que j'avais plein de sang dans le cerveau, que mon œil avait explosé ». Le chirurgien aurait également expliqué à Jalil et à son père Mohamed que ses blessures n'étaient pas dues à un tir de mortier.
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Les certificats médicaux que StreetPress a pu consulter ne mentionnent aucune trace de brûlures. « Les médecins nous ont dit que c'était un flash-ball », insiste Jalil. L'IGPN est venue prendre sa déposition le 6 juillet 2023, alors que le jeune homme est encore en réanimation à l'hôpital. Dans ce procès-verbal, Jalil explique également qu'il serait capable de reconnaître le ou les auteurs du tir. Lui et son père acceptent également la confrontation avec les policiers, si elle devait avoir lieu.