Cela fait 10 ans jour pour jour que l'Algérien Noureddine Adda n'a plus donné signe de vie. Dans la matinée du 10 novembre 2013, cet Algérien âgé de 46 ans résidant en Saône-et-Loire devait prendre l'avion depuis l'aéroport de Lyon pour se rendre en Algérie. Depuis cette date, la famille du quadragénaire est toujours sans nouvelle de lui, et accuse les autorités françaises de ne rien faire pour mettre en lumière cette affaire.
L'affaire de la disparition de Noureddine Adda, en novembre 2013, a fait la Une de plusieurs médias français. Dix années plus tard, la famille de cet Algérien est toujours à la recherche de celui que tout le monde appelait Samir. Ce jour-là, l'homme de 46 ans monte en gare de Chalon, en Saône-et-Loire, dans un TER à destination de Lyon. Là, il doit embarquer dans un avion pour l'Algérie où l'attend son épouse. Mais, elle ne le verra jamais tout comme d'ailleurs sa famille en France.
Noureddine Adda a disparu et ses bagages seront retrouvés trois jours plus tard dans un train, à Venarey-les-Laumes dans la région dijonnaise, soit à l'opposé de sa destination. Dix années après les faits, le média France 3 a réalisé une enquête sur cette disparition qui reste une énigme pour la famille de Noureddine. Cette dernière qui vit en France veut en effet connaître le sort de son fils.
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C'est à partir de la découverte des bagages de l'Algérien que l'angoisse gagne toute la famille. La douane confirme que le quadragénaire n'a jamais quitté la France. La police est contactée et une plainte est déposée. Et c'est le début d'un long calvaire pour la famille Adda. Car depuis 10 ans, les membres de la famille de Noureddine ont le sentiment que « rien, ou si peu, n'a été fait » pour leur frère.
Le suicide et la disparition volontaire écartés par la famille de Noureddine Adda
Pourtant, « c'était quelqu'un de vulnérable, et normalement, toute disparition d'une personne fragile doit être considérée comme inquiétante », rappelle maître Bernard Boulloud. En effet, l'Algérien souffrait des séquelles d'un vieux traumatisme crânien mal soigné dans son enfance. « Mais il a toujours été autonome. Il habitait tout seul, se faisait à manger. Il aimait voyager, il prenait les transports seul », témoigne sa sœur Ghania.
Concernant l'état mental de celui qu'on surnommait Samir, sa famille composée de 11 frères et sœurs est catégorique. « L'hypothèse du suicide ou de la disparition volontaire est improbable », lance sa sœur. « En plus, s'il avait voulu se suicider, il lui suffisait d'avaler tous ses médicaments... », ajoute-t-elle. La famille considère donc qu'on a fait du mal à Noureddine. « On pense à une mauvaise rencontre avec un inconnu, ou bien à quelqu'un qui le connaissait et qui connaissait son trajet. Il avait de l'argent avec lui, peut-être 1.000 euros en liquide. Certains tuent pour moins que ça », fait remarquer sa sœur.
Dix années après les faits, la famille de cet Algérien pointe la justice française du doigt. Selon elle, l'enquête sur la disparition de Noureddine avance à pas de tortue. « Ils ont mis cinq mois à interroger le personnel SNCF ! », lance la sœur. « Pour le traçage de son téléphone, on pensait que ça avait été fait, les enquêteurs nous l'avaient dit. Et finalement, on a découvert 3 ans après que le bornage n'avait jamais été demandé », ajoute Ghania.
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« Ils ne veulent pas se casser la tête avec cette histoire », assène la sœur de l'Algérien
Au début de cette année 2023, une nouvelle juge est nommée au parquet de Chalon-sur-Saône pour traiter l'affaire. « On pensait que ça allait bouger, enfin. Et en fait, ça fait 10 ans aujourd'hui, et toujours rien », affirme l'avocat de la famille. « Même si on peut penser qu'il est décédé, il faut se rappeler qu'on recherche un être humain. Ce n'est pas un animal. En plus, c'était quelqu'un de vulnérable », ajoute-t-il. « Dès le départ, on dirait qu'ils ne veulent pas se casser la tête avec cette histoire », assène la sœur de Noureddine.
Faute d'un avancement de l'enquête, les frères et sœurs de l'Algérien tentent de retrouver eux-mêmes la trace de leur frère. Ils multiplient les recherches au niveau des hôpitaux psychiatriques, des urgences et des centres d'accueil pour sans-abri. « Mais on n'est pas des officiels, alors les gens au bout du fil nous disent qu'ils ne peuvent pas nous donner les identités », se désole sa sœur. Pour sa part, l'avocat de la famille a décidé de saisir la Cour d'appel de Dijon, pour dénoncer « l'inertie » de la juge d'instruction.