Crise diplomatique entre l'Algérie et la France. Actée mardi dernier avec le rappel d’Alger de son ambassadeur à Paris, celle-ci aura-t-elle des retombées sur les relations économiques et commerciales entre les deux pays ? Qu'en est-il des visas et du transport aérien ? Le scénario espagnol fait peser des craintes sur les opérateurs économiques, mais aussi sur l'ensemble des ressortissants algériens établis en France.
Mardi 30 juillet, Alger a rappelé son ambassadeur à Paris en contestation de la décision du président français Emmanuel Macron de soutenir le Maroc dans le conflit au Sahara occidentale. Par cette décision, l’Algérie a signé le début d’une crise diplomatique entre les deux pays. Une crise qui risque d’ailleurs de perdurer, cette fois, et qui pourrait avoir de fortes conséquences sur les relations économiques, commerciales et autres.
Dans son communiqué annonçant ladite décision, le ministère algérien des Affaires étrangères évoquait des « retombées potentielles » de la position de l'Élysée. Ce sont justement ces « retombées » qui font d’ores et déjà trembler les opérateurs économiques des deux rives.
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Des mesures comme celles prises contre l’Espagne ?
les opérateurs économiques doivent certainement se rappeler de la situation ayant suivi la crise diplomatique entre Alger et Madrid en 2022 lorsque le gouvernement algérien a pris une batterie de mesure en réponse à la décision du gouvernement espagnole de s’aligner avec le Maroc dans le même conflit en lien avec le Sahara occidental. Alger avait alors décidé de suspendre le traité d'amitié qui liait les deux pays, de réduire des liaisons aériennes et maritimes et d’augmenter le prix du gaz ; entre autres décisions.
L'Algérie va-t-elle donc faire de même avec la France ? C’est la question qui taraude en effet les esprits des Algériens établis en France dont les opérateurs économiques. « Des rumeurs courent déjà sur les sanctions. On entend qu'il y aurait une remise en question du CIHN et du Comefa, mais, franchement, à quel moment ces structures ont-elles servi à quelque chose ? » a déclaré ce mercredi un opérateur au magazine Le Point.
Les opérateurs économiques paniquent
« On a beau savoir qu'on va être touchés, on se demande quand, comment et à quel degré », a souligné par ailleurs au même média un producteur dans l'agroalimentaire dont la PME dépend en partie d'intrants en provenance de France. Et d’ajouter : « c'est déjà très difficile de travailler. Si, en plus, les autorités touchent aux importations, ça va devenir impossible ».
De son côté, un industriel français a fait savoir que « faute d'intrants, beaucoup d'importantes entreprises étrangères risquent de stopper leur production d'ici à la rentrée. On en parle à nos amis responsables algériens, ils répondent que l'Algérie est souveraine dans ses choix économiques ».
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Crainte de réduction des liaisons aériennes et maritimes
Les autres émigrés algériens craignent de leur côté que le gouvernement opte pour la réduction des vols et des traversées maritime entre l’Algérie et la France, comme l’a souligné cette ressortissante au même média. « Si jamais ils suspendent les vols, comment on va faire pour rentrer ? Je suis en train de me demander si je ne vais pas changer mes billets pour Rome », a-t-elle en effet indiqué.
Enfin, des étudiants algériens qui ont entamé leurs démarches pour des études en France ont exprimé leurs craintes quant à un changement dans la politique d'attribution des visas Schengen ; ce qui pourrait grandement entraver leurs plans et leur avenir académique.
Mais pour le moment, ni la France ni l'Algérie n'ont révélé quoi que ce soit et le suspense demeure en fait entier quant aux conséquences de cette énième crise diplomatique entre Alger et Paris.
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