L'euro se fait rare sur le marché noir

Le marché noir des devises en Algérie traverse une phase de turbulence inédite, caractérisée par une pénurie de l'euro. Cette situation, loin d'être conjoncturelle, révèle les fragilités profondes d'un système économique non-régulé.

Les conséquences de la pénurie de l’euro sur le marché noir se font sentir. La monnaie européenne s’échange désormais à 255 dinars algériens, un record jamais atteint. Cette flambée s'inscrit dans une tendance haussière qui dure depuis quelques semaines, poussée par une demande croissante en devises étrangères. Au square Port-Saïd, les transactions baissent alors que l'écart entre le taux officiel et celui du marché noir continue de se creuser.

Paradoxalement, alors que l'euro grimpe sur le marché noir, son taux de change reste relativement stable sur le marché officiel, où il est coté à environ 147,63 dinars. Cette disparité révèle la déconnexion entre l'économie formelle et informelle en Algérie. Les mesures de régulation mises en place par la Banque d'Algérie tentent d’instaurer une certaine stabilité, mais ne tiennent pas toujours compte de la réalité économique algérienne.

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Les principales raisons de la flambée de l’euro

La principale raison de cette hausse vertigineuse du taux de change de la devise européenne est la raréfaction de la devise européenne sur le marché noir. De nombreux témoignages font état de difficultés rencontrées par les particuliers pour se procurer la monnaie unique européenne. La réticence des détenteurs d'euros à vendre leurs stocks contribue à cette pénurie. Face à la montée des prix, ces acteurs anticipent une poursuite de la hausse, ce qui incite à conserver les euros plutôt qu'à les échanger. Ce qui réduit l'offre sur le marché noir et pousse les prix vers le haut.

De plus, les restrictions bancaires et les mesures de contrôle des changes mises en place par la Banque d'Algérie, bien que justifiées par des raisons de stabilité macroéconomique, ont limité l'accès des particuliers et des entreprises aux devises. Enfin, la demande croissante en devises étrangères, notamment pour les voyages, les études à l'étranger et les importations, a dépassé largement l'offre disponible.

Pire encore, les analystes estiment que la pénurie d'euros pourrait persister dans les mois à venir. Les restrictions imposées par la Banque d'Algérie sur la circulation des devises limitent l'accès à l'euro, accentuant ainsi la pression sur le marché informel. La tendance haussière des devises face au dinar algérien pousse également les Algériens à thésauriser des devises étrangères au lieu de les injecter dans le circuit économique. Ce qui augure d'une nouvelle flambée du taux de change de la monnaie européenne.


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