L'avenir des relations franco-algériennes dépend des élections présidentielles

L'Algérie est omniprésente dans le débat politique en France. Cette élection démontre l’intérêt porté par les candidats à l'Algérie et également l’intérêt que portent les Algériens à la politique française. En effet, les relations algeréro-française connaîtront des évolutions différentes qui dépendent du choix des français au deuxième tour. Entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, la vision de la politique étrangère, notamment en ce qui concerne l’Algérie, est différente ou même opposée, comme en ce qui concerne la mémoire et de la guerre d’Algérie.

De part le passé commun, une colonisation violente, suivie d'une guerre de libération et d'une période post-coloniale marquée de hauts et des bas, les relations entre l’Algérie et la France ont toujours passionné les peuples des deux rives.

Il faut ajouter à cela la présence d'une importante diaspora algérienne en France. Cette communauté, souvent stigmatisée par l’extrême droite, est convoitée par la gauche. C'est ainsi qu'elle a été un enjeu important dans les élections en France. Ces Algériens participent aussi au débat politique, comme se fut le cas de l’écrivain Kamel Daoud, qui a exprimé son choix et a fait polémique – à tort ou à raison.

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Quel avenir pour les relations franco-algériennes si Emmanuel Macron est réélu ?

Ainsi, l'avenir des relations entre l’Algérie et la France est conditionné par le résultat du 2e tour de cette élection. En effet, dans le cas le plus probable de la réélection de l'actuel président Emmanuel Macron, ces relations continueront à être dans « la normal ».

Elles connecteront des périodes de rapprochement et aussi de crise comme ça a toujours été le cas depuis l’indépendance. Pendant le quinquennat d'Emmanuel Macron, ces relations ont démarré en trombe. Le président français a fait des pas important en ce qui concerne la Guerre d'Algérie, les archives de cette dernière et aussi en ce qui concerne la mémoire communes des deux peuples. Des pas, important, mais insuffisant pour l’Algérie.

Cependant, cette période a aussi connu des couacs. Les relations entre les deux pays ont connu des crises depuis le début du hirak algérien en 2019. Toutefois, les derniers mois du règne de Macron ont vu un réchauffement de ces relations. Un réchauffement qui pourra s’accélérer en cas de l’élection du candidat de LREM.

Comment la France de Marine Le Pen entretiendrait-elle ses relations avec l'Algérie

Le deuxième cas de figure de cette élection serait l'élection de la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen. Dans ce cas, les relations algero-française rentreront dans une zone de turbulence.

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En effet, la candidate, qui souffle sur le brasier des différents entre les deux pays, compte remodeler ces relations dans plusieurs domaines. Dans le programme de Marine Le Pen, plusieurs mesures toucheront directement les Algériens et l’Algérie.

Marine Le Pen entend procéder à la suppression du régime dérogatoire pour les titres de séjour, dont bénéficie l’Algérie grâce à l'accord franco-algérien de mai 1968. « Les accords permettant les facilités de visas doivent être abrogés. Les visas avec l'Algérie ne doivent plus être accordés, tant que l'Algérie ne rapatrie pas chez elle ses ressortissants indésirables chez nous. C’est à la France de définir qui entre chez elle et qui doit en sortir », avait-t-elle également promis.

La candidate envisage aussi de bloquer les transferts d’argent entre les deux pays si « l’Algérie ne reprend pas ses clandestins ». « Je propose que la France remette en cause les autorisations de transfert d’argent que les ressortissants envoient chaque année, 1,5 milliards d’euros tout de même, vers l’Algérie, et qui ne participent donc pas à l’économie française », a-t-elle déclaré pendant la campagne électorale.

En ce qui concerne la Guerre d’Algérie, Marine Le Pen veut aussi revenir sur tous les actes de reconnaissance des méfaits du colonialisme français en Algérie. Cette candidate avait même affirmé que le colonialisme a produit des effets positifs en Algérie. « Moi je pense – et chacun d’ailleurs qui est de bonne foi admet – que la colonisation a beaucoup apporté, notamment, puisqu’on parle de l’Algérie, à l’Algérie : des hôpitaux, des routes, des écoles ».

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Des déclarations qui ne passent pas inaperçue par les Algériens et qui seront certainement à l'origine d'une crise diplomatique si Marine Le Pen est élue présidente. « Face à un pouvoir algérien qui croit que la France est un débiteur éternel, un partenaire que l’on peut tancer à longueur de temps, notre pays doit tenir un langage très clair et très ferme » ; c'est avec ces mots que la candidate Marine Le Pen appréhende les futurs relations de la France avec l'Algérie.

Avec ce tableau dressé des déclarations de Marine Le Pen, il faut donc s'attendre – en cas de son élection – à de grande tensions avec l’Algérie. Les deux pays entreront dans une zone de turbulences, surtout dans ce contexte mondial tend vers une nouvelle polarisation ; notamment depuis le début de la guerre en Ukraine.


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