L’usine Renault Algérie, qui fait face depuis plus de deux années à de multiples soucis, risque de fermer ses portes. C’est ce qu’a révélé, mercredi 11 mai 2022, le magazine français L’Argus, en citant une analyse de la société INOVEV, spécialisée dans l’industrie automobile.
Le secteur de l’automobile dans le monde est frappé de plein fouet par la guerre en Ukraine. La pénurie de matière première conjuguée à la hausse des prix de l’énergie a fait que la majorité des usines de fabrication de voitures tournent au ralenti. La crise ukrainienne a poussé d’ailleurs le constructeur Renault à stopper définitivement sa production en Russie.
L’usine Renault Algérie n’est pas mieux lotie. Inaugurée en 2014, l’unité d’assemblage de voitures Renault situé à Oued Tlélat dans la wilaya d’Oran a été secouée par une première crise en janvier 2020. Après la décision du gouvernement algérien d’interdire les importations de kits SKD/CKD et de supprimer les avantages fiscaux accordés aux constructeurs automobiles installés en Algérie, la direction de Renault a décidé de suspendre la production et de fermer l’usine d’Oran.
Économie Nouvelle taxe à la frontière de l'Algérie et de la Tunisie
L'entreprise Renault va-t-elle fermer son usine en Algérie ?
Une décision qui n’a pas été sans conséquence sur de nombreux clients algériens qui se sont retrouvés dans l’impossibilité de récupérer leurs voitures, eux qui en avaient pourtant fait la commande. Deux années plus tard, soit le 22 janvier 2022, Renault Algérie avait annoncé la reprise partielle de la production de voitures au niveau de son usine située à Oran.
Toutefois, cette reprise partielle de Renault Algérie concernait la production de 4 500 nouvelles voitures de 3 marques : Symbol, Clio et Sandero. Ces 4 500 unités correspondent au nombre de kits de montage (CKD-SKD) qui étaient en souffrance au port d’Oran et que les autorités algériennes ont dédouané au profit de Renault Algérie. Les 4 500 voitures étaient destinées en priorité aux clients ayant déjà passé commande.
Tournant au ralenti depuis plus de deux années, l’usine de Renault Algérie n’a jamais réussi à atteindre les chiffres réalisés entre 2015 et 2020, à savoir une capacité de production de 50 000 véhicules/an. Face à cette situation, des informations font état de la décision de Renault de se désengager de son projet en Algérie et de vendre son usine implantée à Oran.
En effet, dans sa dernière analyse mensuelle, citée le 11 mai par le magazine L’Argus, la société INOVEV, spécialisée dans l’industrie automobile, a révélé que Renault pourrait vendre son usine algérienne. « L’usine d’Oran ne répond pas du tout aux objectifs du constructeur puisqu’elle ne parvient plus à se rapprocher du niveau de production visé de 75 000 véhicules par an, sur la base d’une réponse à la demande locale qui avait subi à l’époque l’arrêt des importations automobiles », explique la même source.
Économie ExxonMobil veut approfondir la coopération avec Sonatrach
Renault réfute son intention de quitter l’Algérie
Le constructeur Renault « qui a toujours privilégié son site de Tanger au Maroc a peut-être mal appréhendé l’attitude du gouvernement algérien concernant son usine « tournevis » d’Oran, indique la société INOVEV, qui a relevé qu’en 2021 le constructeur français a décidé de transférer la production de la marque Dacia Logan de l’usine d’Oran vers celle de Tanger, au Maroc.
Cependant, le constructeur français a tenu à démentir l’information donnée par société INOVEV concernant la fermeture de l’usine d’Oran. « Effectivement les volumes assemblés sont toujours très bas, mais en aucun cas nous avons annoncé que nous allions quitter l’Algérie, qui reste un marché important pour Renault », a indiqué Renault au magazine L'Argus. Ce dernier affirme que le groupe français « continue d’échanger avec le gouvernement algérien pour remédier à cette situation ».