Pegasus : L'enquête du Parlement européen pointe du doigt le Maroc

L'Europe refuse de fermer la page du scandale d'espionnage de chefs d'État, de ministre et de journalistes par le logiciel Pegasus. Le parlement européen a mis en place une mission pour enquêter sur ce scandale au début de l'année en cours. Cette mission, qui s'est déplacée en Espagne, a indiqué dans ce rapport qu’il est « plausible » que le Maroc soit derrière cette attaque.

Les parlementaires européens membres de cette mission ont déploré le manque d'intérêt des autorités espagnoles. Pour trouver des réponses convaincantes à ses réponses, elle a demandé d'amples informations au gouvernement espagnol, mais pour le rapporteur de cette mission Sophie In't Veld, l'Espagne n'a pas fourni les informations demandées. Elle fait remarquer qu'il manque des informations sur l’espionnage des téléphones portables de Pedro Sanchez1, de ses ministres de la Défense et de l’Intérieur, Margarita Robles et Fernando Grande Marlaska2 ou du président de la Generalitat, Pere Aragonés.

Le rapport de cette mission mentionne que « l’utilisation de logiciels espions en Espagne ne peut être attribuée à un seul acteur ou groupe de personnes, même si de nombreuses pistes pointent vers le Maroc ». De son côté, le chef de cette mission, Jeroen Lenaers, a déclaré : « Nous n’avons aucune preuve que c’est un pays tiers qui a espionné Sanchez ou les autres ». Cependant , il fait remarquer que les téléphones des autorités espagnoles ont été espionnés alors que le pays était en froid avec le Maroc. Il a également dénoncé l’attitude du gouvernement espagnol qui n’a pas daigné les recevoir, ni le président, ni les ministres espionnés, ni le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares.

Le Maroc et l'Espagne accusés

Toujours concernant cette affaire d'espionnage, l'eurodéputé et rapporteur de cette mission, Sophie In’t Veld, a affirmé que le Maroc est également soupçonné d'avoir espionné le président français Emmanuel Macron en déplorant l’ouverture d’enquête au Congrès ou au Sénat français. « Le parlement européen tente de combler ce vide, entre autres, parce que les membres du gouvernement sont aussi membres du Conseil européen et prennent des décisions qui concernent l’ensemble de l’UE », a-t-elle affirmé .

Il faut rappeler que courant novembre de l’année 2022, la Commission d’enquête du Parlement européen sur Pegasus et les logiciels espions similaires a rendu public un rapport assez critique. Celui-ci désigne le Maroc comme l'un des principaux acteurs dans l'utilisation du logiciel Pegasus. « Les révélations de juillet 2021 du projet Pegasus ont montré un grand nombre de cibles en Espagne. Cependant, les victimes semblent avoir été ciblées par différents acteurs et pour différentes raisons. Il est largement admis que les autorités marocaines visaient le Premier ministre Pedro Sanchez, la ministre de la Défense Margarita Robles et le ministre de l'Intérieur Fernando Grande Marlaska », peut-on en effet lire dans le document en question.

Aussi, l’Espagne a été citée comme étant responsable d’actes d’espionnage, notamment dans l’affaire connue sous le nom de « CatalanGate ». « Un deuxième groupe de victimes […] comprend des parlementaires catalans, des membres du Parlement européen, des avocats, des organisations de la société civile… », ont noté les rédacteurs du rapport de la Commission européenne.


  1. Logiciel Pegasus : Le Maroc derrière l’espionnage du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez ? 

  2. Le ministre espagnol de l'Intérieur espionné avec Pegasus. L'étau se resserre sur le Maroc 

Retour en haut
Share via
Copy link