Livreurs et sans-papiers, des Algériens arrêtés et mis sous OQTF. La gauche s'indigne

Alors que la loi sur l'immigration n'est pas encore officiellement entrée en vigueur, les autorités françaises se sont mises à la chasse aux sans-papiers se trouvant sur son territoire, y compris ceux qui y exercent un emploi. C'est ce qui s'est passé, en effet, à la fin de la semaine dernière dans la région de l'Isère, où la police a arrêté des dizaines de livreurs sans-papiers, dont de nombreux Algériens. Placés en garde à vue, ces derniers ont été finalement relâchés après s'être vus notifier des Obligations de quitter le territoire français (OQTF).  

Décidément, la France veut accélérer la lutte contre l'immigration clandestine en intensifiant les arrestations des étrangers en situation irrégulière, dont les Algériens, en vue de leur expulsion. En effet, des opérations simultanées, baptisées « Uber Eats », ont visé les livreurs de repas dans la soirée de mercredi 27 décembre à Grenoble, Voiron et Vienne, et des ressortissants algériens, burkinabés, guinéens ou tunisiens ont été interpellés, selon la police nationale, citée par de nombreux médias français.

Ces dizaines de livreurs sans-papiers ont été sommés de quitter le territoire lors de cette opération de contrôle. Placés en garde à vue à Grenoble et à Lyon, ils ont été relâchés après s'être vus notifier des Obligations de quitter le territoire français (OQTF) et des interdictions de retour sur le territoire (IRTF), a déclaré Mohamed Fofana, responsable CGT des livreurs dans l'Isère lors d'un point presse animé vendredi 29 décembre à Grenoble.

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« Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants », s'insurgent les livreurs sans-papiers

«Nous dénonçons cette opération de police […] dans une période de fêtes où les associations de défense des migrants et beaucoup d'avocats sont en congé et les recours compliqués», a-t-il lancé. « Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants », a-t-il ajouté, rappelant que beaucoup de livreurs sans-papiers travaillent dans des conditions précaires et pour des « rémunérations scandaleusement basses ».

« Cela s'appelle une rafle quand cela vise une catégorie particulière de personnes », s'est indigné de son côté un responsable de l'Union locale de la CGT, Alain Lavi. Plusieurs des livreurs interpellés ont témoigné de leur incompréhension et de leur « peur ». « Nous nous sentons persécutés, nous ne sommes pas en sécurité », a déclaré l'un des livreurs sans-papiers sous couvert d'anonymat. Leurs vélos, leurs « outils de travail », ont été saisis, ont-ils déploré.

L'arrestation des livreurs sans-papiers suscite la polémique

Le maire écologiste Eric Piolle qui avait défrayé la chronique en 2022 lors de l'affaire du port du burkini avait lui aussi dénoncé une «indignité», dans un message publié jeudi soir sur le réseau X (ex-Twitter). Sa mairie et la métropole de Grenoble ont également apporté leur soutien aux livreurs sans-papiers. C'est « une honte pour la République de mépriser ainsi nos institutions », a estimé l'adjoint au maire de Grenoble Pierre Mériaux lors du point de presse. « Ce qui est insupportable, c'est qu'on refuse de régulariser des travailleurs dont l'économie a besoin », a-t-il ajouté.

De son côté, le procureur de Grenoble, Eric Vaillant , a précisé dans un message sur son compte X que les contrôles avaient été faits à sa demande et avaient « permis de constater que les livreurs en situation irrégulière étaient gravement exploités par ceux qui leur sous-louaient leur licence ». La préfecture de l'Isère a pour sa part souligné être garante « de l'application des lois de la République ».

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