Conséquence du refroidissement des relations diplomatiques entre l'Algérie et la France ou choix économique, l'achat par l'Algérie du blé russe à la place du blé français se fait ressentir dans l'Hexagone. Ce marché, devenu un critère pour jauger les relations entre les deux pays, impacte durement la filière céréalière française. En perdant l'un des plus gros acheteurs de blé au monde, qui avait jusque-là une préférence pour le blé français, les agriculteurs français perdent l'opportunité d'écouler leur blé sans difficulté.
En France, cette question est devenue tabou et n'est soulevée que rarement par les experts. Considéré comme un affront, le choix de l'Algérie d'acheter du blé russe est un véritable coup de massue. En effet, l'Algérie achetait régulièrement entre 4 et 5 millions de tonnes de blé français.
C'est la moitié des épis bleu-blanc-rouge exportés hors Union européenne par la France qui partent traditionnellement en Algérie, partenaire de proximité idéal. Mais la Russie, premier vendeur de blé au monde, est entrée dans l'arène et fait pression depuis plusieurs années pour gagner des parts de marché de l'autre côté de la Méditerranée. Et pour cause : l'Algérie est dans le top 5 des acheteurs de blé.
En Algérie, le blé russe remplace le blé français
Ainsi, en adoptant un nouveau cahier de charges, l'Algérie a ouvert son marché pour permettre aux fournisseurs de blé de la mer Noire de répondre aux appels d'offres. L'Algérie a modifié profondément ses textes. Résultat : « les critères sont devenus défavorables au blé français et au profit du blé d'origine russe », explique Sébastien Poncelet, directeur du développement au sein du cabinet Agritel.
S'exprimant sur RFI, le spécialiste indique que « cela ne veut pas dire que la France ne pourra plus vendre à l'Algérie, mais il faudrait qu'elle soit plus compétitive que les blés de la mer Noire et qu'elle ait les volumes nécessaires correspondant à la nouvelle qualité de blé recherchée par les Algériens ».
Ce choix algérien, qui sonne comme un boycott du blé français, met la filière céréalière française en danger. Le nouveau cahier de charges oblige la France à s'aligner sur ses concurrents pour gagner de nouveaux marchés. Sans garantie aucune d'atteindre les quantités achetées jusque-là par l'Algérie.
Les stocks de blé français, revus à la hausse, ont du mal à s'écouler. Cependant, il faut souligner que la décision algérienne ne répond pas seulement à un choix économique, les tensions diplomatiques entre l'Algérie et la France y sont pour beaucoup.