Où en est l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne ?

Depuis plusieurs années, les économistes en Algérie sont unanimes à dire que l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne est défavorable à l'Algérie et aurait même causé à l'Algérie de lourdes pertes, estimées à 30 milliards de dollars. Depuis une année, ces économistes ont été rejoints par le chef de l'État Abdelmadjid Tebboune, qui demande également la révision de l'accord. Cependant, pour l'instant, le projet est en stand by. L'Algérie et l'union européenne observent le statut quo malgré les nombreuses rencontres qui les ont réunies.

Ainsi, durant la rencontre entre le ministre algérien de l'Industrie, Ahmed Zaghdar, et l'ambassadeur et chef de la délégation de l'UE en Algérie, Thomas Eckert, le lundi dernier à Alger, l'accord d'association n'a pas été discuté. Du moins pas officiellement. La  rencontre a permis d'aborder certaines questions liées à la coopération avec l'UE, sans parler explicitement de l'accord remis en cause par l'Algérie.

Cet accord demeure donc dans un état stationnaire, alors même que le chef de l'État algérien a appelé à la nécessité de procéder à sa révision selon une approche « gagnant-gagnant ». Cet appel reste donc lettre morte jusqu'à présent.

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Pendant les rencontres entre l'Algérie et l UE, cette question n'a pas été abordée officiellement. Ces rencontres ne sont pas arrivées à aplanir certaines divergences et prévoir les mécanismes d'un dialogue susceptible de trouver une issue. Il faut reconnaître que tous ces efforts n'ont pas permis de faire avancer le traitement de la question.

L'union européenne n'est pas pressée de revoir ses accords avec l'Algérie

Il faut dire que les points de vue divergent entre les deux parties. L'Algérie considère en effet que cet accord lui est très défavorable. De son côté, l'UE semble ne pas en partager ce constat. Pour l'Algérie, « le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures (HH) vers l'UE, premier partenaire du pays, n'a même pas atteint les 14 milliards de dollars (mrd USD) durant cette décennie, alors que le cumul des importations algériennes auprès de l'UE s'est chiffré à 220 mrd USD, avec une moyenne annuelle de 22 mrd USD », selon l'agence de presse algérienne.

Cette dernière ajoute qu'« en plus, l'accord a engendré un manque à gagner de plus de 700 milliards de dinars aux recettes douanières algériennes durant la même période. Sur 15 ans (2003-2018), les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE sont passées de 344 millions de dollars en 2003 (deux ans avant l'application de l'accord) à 889 millions à peine en 2018. Pourtant, l'Algérie visait, à travers l'accord, de promouvoir ses exportations hors hydrocarbures vers l'Europe et voir les investissements européens en Algérie croître ».

D'un autre côté, la zone de libre-échange pour les produits industriels, qui devait entrer en vigueur en 2017 avant d'être reportée à 2020, fait aujourd'hui les frais de ce désaccord. Les multiples axes de travail, dont on a pensé un moment, notamment de la part de l'ex-ambassadeur de l'UE à Alger, que les divergences étaient soit aplanies soit tout près de l'être, le dossier de l'automobile en l'occurrence, n'ont pas évolué depuis.

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Par ailleurs, l'ambassadeur actuel de l'UE avait affirmé qu'« un accord peut toujours être revu, discuté et même changé. Mais c'est une démarche qui ne se fait pas très souvent. Si vous regardez les accords d'association, normalement, ils restent en vigueur sans changement pendant de très longues années. Cela ne veut pas dire que ce ne sera pas possible. Après, il faut préciser les changements souhaités et sur quels volets […] ».

Ce statu quo, qui sanctionne surtout l'économie algérienne, semble s'éterniser. Étant gagnante dans cet accord, l'Union européenne ne semble pas pressée à trouver une issue. Du côté de l'Algérie, au-delà du discours, aucune démarche sérieuse ne semble avoir été entreprise pour la révision de l'accord.


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